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Pensionnat des Bernardines de Bonsecours

 

De l'expulsion de France à la venue à Bonsecours

 

La congrégation des sœurs Bernardines applique le mode de vie proposé par St Bernard et trouve ses origines au XIIe dans le nord de la France.

En 1789 survient la révolution française : les ordres religieux sont supprimés et leur patrimoine confisqué. Sous Napoléon, plusieurs ordres religieux peuvent rouvrir et des sœurs se regroupent à Esquermes, près de Lille pour bâtir le monastère « Notre Dame de la plaine ». Elles assurent l’enseignement des demoiselles du Nord, en visant l’excellence.
Dès 1880, la progression des idées laïques et l’anticléricalisme en France, poussent les religieuses à chercher des refuges hors frontière. En Belgique, les Bernardines achètent un château à Ollignies et louent une propriété à Barry Maulde. En 1900, le gouvernement de Waldeck-Rousseau conçoit un plan d’expulsion des ordres religieux et l’instauration d’un enseignement laïque. C’est la raison pour laquelle les congrégations religieuses implantent en Belgique, de nombreux établissements d’enseignement le long de la frontière belgo-française, de Dixmude à Arlon. Nous retrouvons ainsi dans notre région : les frères de St Luc Tournai et Mons, les Maristes à Péruwelz, le foyer de Roucourt, St Charles Péruwelz et Wez-Velvain, le Bon Pasteur Bury et Obourg, les Ursulines Tournai et Mons, etc.
A Bonsecours, les Bernardines d’Esquermes achètent un terrain au Dr VOET.

 

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Les Bernardines à Ollignies

 

1903: Construction à BONSECOURS du couvent des sœurs Bernardines

 

La construction du monastère, de 1903 à 1905, nécessita d'énormes travaux de terrassement (le sous-sol abrite des caves pour les locaux techniques, chaufferie, cuisine, buanderie, ...) et l'acheminement de nombreux matériaux (briques de Boom, pierres de Soignies, structure métallique rivée, menuiserie extérieure en chêne et intérieure en pitchpin, béton, ...). Une petite voie de chemin de fer est réalisée pour acheminer les matériaux du canal de Péruwelz au pied du bâtiment.

 

           

                                           A gauche la voie ferrée provisoire                                                                                                                   Les échafaudages

En juillet 1904, l’ordre d’expulsion arrive à Lille-Esquermes.

La maison comptait alors 150 religieuses et 300 pensionnaires. Le déménagement vers Bonsecours s’effectue jour et nuit, sans pauses, par voitures, chariots, etc. Des maisons sont louées à Bonsecours pour abriter le mobilier et loger les religieuses en attendant la fin de construction du pensionnat. Une partie des pensionnaires est hébergée chez Voet. La première rentrée dans le pensionnat ne se fera qu'en 1905. L'institution assure la scolarité des jeunes filles ayant terminé leur école primaire. 

Les soeurs assurent l’enseignement des demoiselles venant du Nord,parfois même de très loin (Londres, Buenos-Aires, ...), en visant l’excellence. Pour améliorer la formation pratique des étudiantes, les sœurs se font envoyer des animaux empaillés, des fossiles, etc. Il en est de même pour le laboratoire de physique constitué selon les conseils de savants.

 

              

                                          Cabinet d'histoire naturelle                                                                                                                     Cabinet de physique

Au fil des années, des filles de Bonsecours et de Péruwelz ont fréquenté l'établissement. Les parents ont choisi cette institution pour le sérieux de son instruction.

La construction de la chapelle débute en 1913, grâce à la dot d'une sœur, issue de la famille TIBERGHIEN. Elle sera interrompue par la guerre et reprise en 1921 pour se terminer en 1923.

 

Construction de la chapelle

 

1914 - 1918: Le lazaret

 

Durant cette période troublée, le monastère ne compte que quelques élèves. Le front est à moins de 100kms (La Somme, Arras, Douai) et les bâtiments se transforment en lazaret et soignent des centaines de blessés.

Les soldats blessés allemands et français sont unis dans la souffrance.

 

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La prieure va devoir tenir tête à l’autorité allemande pour rester maîtresse des lieux. La vie normale reprend son cours en septembre 1919: 45 religieuses accueillent à nouveau 160 élèves.

 

 

1944-1945: la seconde guerre mondiale

 

Septembre 1939, la rentrée n’a pas lieu à cause du contexte politique. En avril 1940, l’établissement est pressenti comme hôpital. Devant l’avancée rapide des allemands, il accueille la population qui évacue devant l’ennemi.

En mai, Les Allemands investissent les lieux et installent des sentinelles dans les hautes tours qui surplombent la région. Durant la guerre, la communauté participe à l’œuvre du « secours d’hiver ». Chaque jour des centaines de soupes populaires sont préparées et servies au pensionnat pour la population de Bonsecours. Le 4 septembre 1944, c’est la libération de Bonsecours par les alliés.

Le bâtiment est cependant réquisitionné, de janvier à février 1945 par l’armée belge, pour assurer l’instruction de 800 jeunes recrues qui formeront le 16ème bataillon de fusiliers. Celui-ci ira rejoindre l’armée américaine sur le front du Rhin. En mars, l’armée américaine y séjourne sept à huit cents Ukrainiens, des prisonniers délivrés des camps d’Allemagne en attendant de les rapatrier.

 

L'après-guerre

 

Avec les années de guerre, le monde des idées et des mœurs a évolué. Bien que les maîtresses se mettent au diapason des nouvelles méthodes basées sur une pédagogie plus ouverte, la population scolaire et religieuse diminue progressivement.

L’Espéranderie s'installe à Bonsecours en date du 02 novembre 1972 en qualité de locataire d’une partie de ce majestueux bâtiment appartenant toujours aux religieuses Bernardines.

C’est le 05 mai 1981, que l’ensemble de la propriété est définitivement cédé. Les religieuses s’installent alors installées dans le monastère Notre-Dame de Bonsecours. Faute de vocations nouvelles elles quittent ce dernier bâtiment le 24 mars 2010, pour retourner séjourner définitivement au monastère de Saint André-lez-Lille. Présentes dans la région depuis un peu plus d'un siècle ces religieuses  en auront marqué l'histoire tant du point de vue pédagogique qu’architectural.

 


 

Cet article est réalisé en partie à partir des documents d'archives de l'Espéranderie et de Messieurs Armand-Louis et Louis-Philippe BOURDON, ainsi que des revues n° 35 et 36 éditées par le Cercle d'histoire et d'archéologie des deux Vernes.